Trait d’union ou l’art de débattre des
enjeux liés à l’intervention sans prendre en otage les bénéficiaires ou les
institutions
Animation d’un
atelier par Trait d’union lors de la première journée romande d’étude et de débats organisé par
l’ASFRIS (Association Suisse pour la Formation, la Recherche et l’Intervention
Sociale) sur le thème du « Contrôle social…au contre-rôle »
Dans un contexte de transformations socio-économiques et de contraintes des pouvoirs économiques et politiques pesant sur le champ du social, cette journée organisée par l’l’Association Suisse pour la Formation, laRecherche et l’Intervention SocialeASFRIS) et de la société suisse de travail socialSGSA-SSTS) se voulait être placée sous le signe de l’indiscipline, comme dépassement des frontières entre les disciplines et les secteurs d’activité. Elle visait à mettre en lumière et à partager les arts de faire, les pratiques de résistance et d’innovation, déployés par les bénéficiaires, les professionnel-les du travail social, de l’enseignement et de la recherche. Elle cherchait à identifier, documenter et mettre en valeur les lieux, les espaces, les moments et les conditions de l’indiscipline. Des conférences, des ateliers à choix et des espaces de discussion ont ponctué la journée.
Le comité de Trait d’union a décidé de proposer une communication dans le cadre des ateliers de cette journée, afin de réfléchir au « Contre-rôle » joué par l’association pour les acteurs-trices du social fribourgeois-e-s et pour la promotion de l’action sociale sur le canton. Notre proposition a été retenue et nous avons été intégrés à un atelier intitulé « Altérations, territoires ».
En présentant les objectifs de Trait d’union, nous avons démontré que Trait d’union, par son travail de promotion de la collaboration et de l’interprofessionnalité, s’inscrit en contestationde modèles prônant le découpage des problématiques sociales en une multiplicité de spécialistes. Nous avons aussi souligné et illustré les stratégies de Trait d’union pour se mobiliser contre des modèles gestionnaires des problématiques sociales qui consisteraient, pour nos institutions, à s’autocenter sur ses pratiques et ses intérêts propres. Nous avons défendu une vision solidaire et participative de tous dans l’analyse et l’élaboration des pistes d’intervention, mais également un travail de réseau réalisé pour et par les acteurs sociaux au service du bénéficiaire, en interrogeant certains modèles de coordination externe. Nous avons aussi montré qu’en défendant les intérêts des destinataires de l’action sociale, Trait d’union se profile en rébellionface à l’image parfois généralisée du «bénéficiaire-abuseur», face à certains discours stigmatisants. Pour ce faire, nous avons rappelé que notre association donner la parole au bénéficiaire dans ses actions et le met au centre des échanges en promouvant des modèles d’intervention lui redonnant une part active dans les processus d’aide. De plus, nous avons souligné nos activités de développement d’actions de promotion de l’action sociale : Trait d’union fait preuve de résistance quand à une action sociale qui ne serait dictée que par des injonctions économiques. Il a été défendu le fait que l’association offre ainsi la possibilité aux acteurs du social de se positionner quant aux projets de loi mis en consultation par les politiques. Par l’invitation régulière de politiciens, de représentants de l’Etat ou d’institutions à nos actions, nous avons défendu le fait qu’un certain discours de désobéissance peut se construire en tant que membre face aux politiques étatiques ou institutionnelles. Par la nature de ses actions, nous pensons que Trait d’union permet aux membres acteurs du social de s’ouvrir une réelle marge de manœuvre au-delà de leurs fonctions professionnelles et institutionnelles, comme la possibilité de se positionner comme des travailleurs sociaux experts du terrain, de prendre quelques risques au-delà de la pratique quotidienne. En ce sens, Trait d’union permet de pointer les enjeux liés à l’intervention sociale sans prendre en otage le bénéficiaire ou l’institution.
Nous avons décidé de jouer la carte de l’originalité pour présenter notre point de vue en mettant en scène de manière indisciplinée à l’aide du jeu Tabou : Trait d’union ou l’expérience d’un réel « contre-rôle» pour les acteurs du social fribourgeois. Nous vous laissons le soin de consulter le texte qui a été joué par votre vice-présidente et votre président.
La présentation a rencontré un vif succès auprès des participants à l’atelier, qui se sont intéressés également aux origines de l’association et aux actions menées. Des acteurs-trices du social ont posé la question de l’existence d’une telle association dans leur canton ou leur région respective. Le comité s’est mis à disposition pour répondre à leurs questions. Ce fût surtout l’occasion pour le comité de penser les effets possibles de Trait d’union après bientôt 10 ans d’existence et de conceptualiser l’originalité de notre association.
La participation à cette journée a permis également de renforcer les liens entre l’ASFRIS et Trait d’union. Pour rappel, la présidente du comité de l’ASFRIS, Françoise Tschopp, était venue donner une conférence à l’occasion de notre AG 2010 sur le thème de « la rationalisation des métiers du social ». La question de l’adhésion de Trait d’union à l’ASFRIS a ainsi été reposée et plus généralement celle de la mise en avant de Trait d’union comme un acteur à part entière de l’action sociale Romande.